DROIT : La SNC est-elle un bon plan pour les magouilleurs ? Illustration par un pro du genre : Bernard Tapie[1].
C’est quoi une SNC ?
Bien
qu’il s’agisse d’une forme de société réputée ancienne de par le monde, la SNC,
société en nom collectif, ne représente pas plus de 2% des sociétés françaises
(surtout des buralistes qui n’ont pas le droit de créer d’autres sociétés, et
des pharmaciens par tradition). Elle est commerciale par la forme, mais aussi
par les associés qui doivent tous y avoir la qualité de commerçant (Article L.
211-1 du Code de Commerce).
Une forme de société dangereuse
Au
sein de la SNC, la responsabilité des associés est illimitée et solidaire. Il
en résulte que le créancier personnel d’un associé peut en poursuivre un autre
sur son patrimoine personnel, rassurant. Avant la loi du 26 Juillet 2005 de
sauvegarde des entreprises, l’ouverture d’une procédure collective à l’encontre
de la SNC entrainait une ouverture de la procédure à l’encontre de chacun des
associés.
Par
ailleurs, tout est fait dans la SNC pour empêcher l’associé de quitter la SNC.
Il faut le consentement unanime des associés pour la quitter (Article L. 221-13
du Code de Commerce). Le fort intuitu
personae de la SNC ne se limite pas à ça. Lorsqu’un des associés meurt ou
devient incapable d’exercer ses fonctions, la loi, sauf stipulation statutaire
contraire, prévoit la dissolution automatique de la société (Article L. 221-16
du Code de Commerce).
Mais alors pourquoi Bernard Tapie avait non pas une mais deux SNC ?
Un
peu d’histoire. Bernard Tapie dans les années 80 et jusque milieu 90 c’est
quelqu’un qui rachète des boites en faillite pour 1 Franc symbolique, qui renégocie
la dette (encore mieux que la Grèce), et vire une bonne part du personnel (de
toutes manières c’était quand même destination le chômage pour eux, mais on
garde quand même les syndicalistes histoire d’éviter la séquestration et les
barbecues de merguez sur le parking, faut pas faire fuir les repreneurs…), et finalement on revend le tout pour
plusieurs millions. Avec cette petite technique toute bête (qui exige quand
même un réseau politique et financier), Bernard Tapie a amassé bien des
millions de Francs [exemple : Terraillon (rachetée 1F en 1981, revendue
125 millions de francs en 1986 à l'américain Measurement Specialities) ; Look
(rachetée 1F en 1983, revendue pour 260 millions de francs en 1988 au
propriétaire des montres suisses Ebel), Wonder (rachetée 1F en 1984, revendue
pour 470 millions de francs en 1988 à l'américain Ralston) ; Donnay (rachetée
1F en 1988, revendue pour 100 millions de francs en 1991 à la région Wallonne)].
Il
avait aussi pour avocat d’affaires, un certain Jean-Louis Borloo qui le
conseillait alors.
Bernard
Tapie a alors créé deux SNC avec son épouse (vraiment quel amateurisme faire
confiance à sa femme. Les SNC auraient été dissoutes à la moindre mésentente
entre eux. Mais Bernard il est comme ça lui : un grand sentimental…).
La
SNC Groupe Bernard Tapie (GBT) destinée au contrôle de son patrimoine
professionnel (contenant toutes les boites qu’il a racheté), et la SNC
Financière Immobilière Benard Tapie (FIBT) destinée au contrôle de son
patrimoine personnel privé (Yatch, hôtel particulier de Paris, œuvres d'art…).
Avec
ce montage, notre Bernard Tapie à la comptabilité scrupuleuse a pu bénéficier
de l’opacité comptable qu’octroie la
SNC. En effet, avec la SNC nul besoin de déposer au greffe du tribunal de
commerce ses comptes sociaux. Fort utile pour dissimuler sa fortune ou ses
dettes monumentales.
Par
ailleurs, la SNC était aussi un formidable moyen de puiser dans la caisse de la
société sans crainte de se voir accuser d’abus
de biens sociaux (puisque nous sommes dans le cadre d’une société à risque
illimité). Bernard a ainsi pu, de sa banque préférée la SDBO (une filiale de ce
cher, très cher crédit Lyonnais qui faisait pleuvoir l’argent dans les années
80 pire qu’une mousson en Inde), obtenir un crédit de 80 millions de francs pour
l’une de ses sociétés (la SA Alain-Colas, propriétaire du Phocéa, son luxueux Yacht).
Comme par hasard l’argent s’est retrouvé le jour même dans les caisses de la
SNC FIBT. Il a alors mis 9 millions dans l’Olympique de Marseille dont il était
le président (pas au meilleur de sa santé financière d’ailleurs…), et le reste
bah dans sa proche tant qu’à faire. Si l’abus de biens sociaux ne joue pas en
SNC, l’abus de confiance joue parfaitement et gare à celui qui détourne des
actifs à son profit au détriment d’autrui (article 314-1 du Code pénal)…
Le
meilleur argument en faveur de la SNC, réside dans l’optimisation fiscale que l’on peut en retirer grâce à sa
transparence fiscale. Avec la transparence fiscale, la SNC échappe à l’impôt
sur les sociétés, ceux sont les associés qui doivent payer l’impôt à raison de
leur quote-part de bénéfices qui leur revient. L’intérêt est de charger au
maximum la mule pour afficher des résultats négatifs, chaque associé reportera
dans sa déclaration de revenus sa quote-part des déficits de la société, et
donc ne paiera pas d’impôts. Il était à cette époque possible d’imputer sur le
revenu global le déficit catégoriel ainsi dégagé (aujourd’hui il n’est plus
possible d’imputer des BIC sur le revenu global lorsque l’associé n’exerce pas
sa profession dans la société).
Cette
pratique est souvent utilisée dans les groupes avec plus ou moins de finesse (L’exemple
bourrin, c’est celui du scandale des Haras de Jean-luc Lagardère, SNC, qui
déficitaire venait à l’actif de son groupe, le groupe Lagardère Capital et management,
et donc s’imputer sur ses bénéfices. Malheureusement pour lui, la COB,
commission des opérations boursières, a ordonné que les intérêts privés et les
intérêts professionnels soient séparés).
Cette
tactique a permis à notre Bernard de ne pas payer d’impôt sur le revenu malgré
son train de vie de super flambeur (normal quand on a été un rappeur). Le vice
allait même jusqu’à lui permettre de ne pas payer la taxe d’habitation de son
hôtel particulier parisien de 1.500 m². Il en a franchement abusé. Au point qu’un
beau jour, le fisc lui notifia un redressement de 12 Millions.
Les
SNC Holdings de Bernard Tapie qui chapeautaient son empire ont été mises en
faillite, ce qui a entrainé sa mise en liquidation personnelle, ainsi que la
perte de ses mandats de député européen et national. Ah la SNC…
[1]
Condamnation à 8 mois fermes l’affaire OM-VA en 1995 ; condamnation pour
délit de fraude fiscale, Cass. Crim. 2 juillet 1998.
Passionnant ! Et très bien illustré ...
RépondreSupprimer"obtenir un crédit de 80 millions de francs pour l’une de ses sociétés (la SA Alain-Colas, propriétaire du Phocéa, son luxueux Yacht). Comme par hasard l’argent s’est retrouvé le jour même dans les caisses de la SNC FIBT."
RépondreSupprimerEt c'est pas de l'abus de bien sociaux?
Excellente remarque. L'abus de bien sociaux n'existe pas pour les SNC (sociétés à risque illimité) contrairement aux sociétés à risque limité (SA, SARL, SAS...).
RépondreSupprimerBonjour je me prénomme Adeline Duval, je partage avec vous cette histoire afin de vous sensibiliser pour les moins initiés d’entre vous un peu à ce type d’escroqueries assez courantes, j’aimerais éviter à d’autres de se faire pigeonner ! j'ai perdu une somme de 630 000 € que j'ai envoyé a un noir en Afrique qui se faisait passé pour un Européen blanc au nom de Jean Pierre Leroux, mais heureusement par chance une amie qui à été aussi victime d'escroquerie sentimentale sur internet m'a donner l'adresse du lieutenant de la Police Interpol contre la cybercriminalité en Afrique qui m'a aider a arrêté mes escrocs et a récupérer mes fonds perdus plus un dédommagement de 50 000 € qui m'a été offert par le gouvernement de la CEDEAO. Je vous donne l'adresse du lieutenant pour ceux qui ont besoin d'aide et ceux qui veulent encore récupérer leurs remboursement.
RépondreSupprimerInterpol.police@diplomats.com
Que le seigneur vous protège des malheurs.